Mourou: L'argent du phosphate ne doit pas servir Gafsa uniquement
Abdelfatteh Mourou, premier vice-président de l’Assemblée des représentants du peuple et vice-président du Mouvement Ennahdha, était l’invité de Midi Show du lundi 5 septembre 2016.
«Le pays est en amélioration car la scène politique évolue des côtés politique, économique et syndical. La situation actuelle nécessite une solidarité et des concessions de la part de tous».
Mourou a expliqué que la Tunisie n’est pas capable en ce moment de relever les défis de l’emploi du développement et de la croissance économique. «Récemment nous avons organisé des journées parlementaires autour de la situation économique. Durant 5 ans les hommes politiques ont caché la vérité sur la situation économique. Pour le moment il faut que tout le monde serre la ceinture. Mais sans oublier ceux qui n’ont pas d’emploi. Un effort spécifique est nécessaire, a-t-il estimé.
Abdelfatteh Mourou a assuré que le pays n’est pas en état de faillite, mais la circonstance actuelle est difficile. «La production ne suffit pas à combler les demandes et la masse salariale consomme les revenus. Nous sommes appelés à exploiter les ressources économiques et à réformer la fiscalité et l’administration devenue archaïque».
Le premier vice-président de l’ARP a expliqué aussi que l’austérité n’est pas à l’ordre du jour. Mais si les réformes ne suivent pas, l’austérité deviendra inévitable. Mourou a reconnu que plusieurs experts économiques ont noté que la situation de la Tunisie est pire que celle de la Grèce.
Abdelfatteh Mourou a estimé que le pacte de Carthage est sorti avec de grands principes. Maintenant, il faut négocier et exposer les détails.
Impôt sur les fortunes
Abdelfatteh Mourou a expliqué qu’imposer des impôts sur les fortunes reste théorique si l’administration n’opte pas pour la transparence et l’efficacité. Les mécanismes nécessaires n’existent pas chez l’administration fiscale surtout pour contrôler les fortunes avec rigueur. L’effectif de l’administration fiscale ne permet pas de faire le contrôle adéquat sur les fortunes. Ceci nécessite une réforme qui a déjà commencé. Le fait de retenir une partie de la fortune est possible grâce à la loi fiscale existante. Mais nous devons mettre des mécanismes complémentaires pour parvenir à ce résultat. Nous devons donc imposer le respect de la loi avant tout. Nous ne pouvons plus demander d’autres crédits auprès du FMI et de la Banque mondiale, a assuré Mourou.
La situation du bassin minier
Le premier vice-président de l’ARP a estimé que l’Etat est la seule partie capable d’indiquer les besoins de chaque région. La Compagnie des phosphates de Gafsa et d’autres sociétés ont aussi une responsabilité sociale en construisant des routes et une infrastructure dans les régions.
«Aucun projet n’a été réalisé à Gafsa depuis 20 ans. Lors d’une visite de la région, j’ai découvert que la réalisation d’un CHU n’a pas encore commencé. Les routes n’existent pas dans la région. Mais consacrer une partie des revenues du phosphate à la région n'est pas réaliste. D’un autre côté, il faut appliquer le principe inscrit dans la Constitution qui accorde la discrimination positive aux régions. Avec ces éléments il faut accorder la confiance au pouvoir. Cette confiance doit être acquise avec une action rapide en organisant des conseils ministériels et en lançant rapidement des projets bloqués.
Salaires des ministres
Les ministres doivent faire don d’une partie de leurs salaires au profit d’un fonds de développement en plus de réduire leurs salaires, a estimé Mourou.
«L’ARP est en train de traiter deux projets. Des séances exceptionnelles commenceront demain pour traiter le code des investissements et le code des élections. Le chef du gouvernement a fait une demande écrite dans ce sens hier dimanche. Le 15 septembre, une séance plénière sera consacrée donc pour le code des investissements. Un projet des urgences économiques a été envoyé aujourd’hui, à l’ARP et il sera examiné rapidement».
Mourou a indiqué dans un autre contexte, que le pouvoir législatif n’a qu’un rôle limité sans le pouvoir exécutif. Je lance un appel aux partis politiques à participer à l’effort de sensibilisation des tunisiens de l’importance des concessions à faire pour sauver le pays.